Ah, l’enfance. Cette époque où l’imaginaire régnait en maître, et où tout semblait possible. Il m’arrive parfois d’être nostalgique de cette période. J’étais quelqu’un de plutôt insouciant : rien n’avait de réelle importance, et je me croyais tout permis. Les mystères m’excitaient plus qu’ils ne m’effrayaient, et l’inconnu avait un petit goût d’aventure !
Mais en grandissant, on réalise parfois que ce que l’on croyait être des jeux ou des histoires anodines dissimulait des vérités plus sombres. Et si nos souvenirs d’enfance, ces moments précieux que l’on chérit, renfermaient des secrets que nous n’étions pas prêts à comprendre ? Avez-vous déjà songé à ce que ces souvenirs pourraient cacher ?
Sur ces mots, je vous laisse découvrir cette nouvelle Blitz Story, qui pourrait bien vous faire voir vos souvenirs sous un autre angle… Bonne lecture ! 😉
Quand nous étions enfants, ma sœur et moi habitions un vieux corps de ferme en Normandie, une bâtisse au charme austère que mes parents avaient acheté pour la retaper. Nous aimions beaucoup jouer dans le jardin et explorer les bâtiments, nous demandant parfois à quoi servaient certaines pièces. Les murs en pierre semblaient nous murmurer des histoires d’un autre temps : entre les dépendances poussiéreuses, les greniers obscurs et les pièces abandonnées, chaque recoin semblait chargé de mystères. Mais parmi toutes ces découvertes, ce que nous aimions le plus, c’était Élise, notre fantôme.
Nous avions choisi de l’appeler ainsi en hommage à notre arrière-grand-mère. Contrairement aux histoires effrayantes qu’on nous racontait sur les fantômes et les esprits pour nous faire peur, Élise n’avait rien d’une présence malveillante. Au contraire : elle était douce, presque attentionnée. Certains matins, nous trouvions sur nos deux tables de chevet une tasse qui n’était pas là la veille, lorsque nous nous préparions pour dormir. Nous savions que c’était Élise, qu’elle les avait laissées là au cas où nous aurions eu soif pendant la nuit. Elle voulait juste prendre soin de nous.
La maison regorgeait de vieux meubles lorsque nous avons emménagé dans la maison, et que mes parents avaient décidé de garder. Une vieille commode aux tiroirs grinçants qu’ils avaient installée dans leur chambre, une grande table en bois massif trônant dans la salle à manger, et une chaise paillée, toute simple, qui servait de décoration dans notre salon. Cette chaise, pourtant banale, avait une vie bien à elle. Chaque fois que ma sœur et moi étions devant la télévision ou en train de jouer, la chaise semblait bouger. Lentement, discrètement, elle glissait de son coin contre l mur pour se rapprocher du centre de la pièce. Nous étions convaincus qu’Élise voulait simplement être avec nous, et cela nous rendait un peu tristes de devoir la remettre à sa place.
Les années ont passé, et avec elles, notre enfance. Nous avons déménagé dans une nouvelle maison, puis j’ai fini par quitter le nid familial pour voler de mes propres ailes. La ferme, les vieux bâtiments que j’explorais avec ma sœur, et même Élise ont peu à peu disparu de ma mémoire… Mais récemment, alors que je rendais visite à mes parents, je suis tombé sur un vieil article de journal qu’ils avaient trouvé en fouillant dans un vide-greniers. Il parlait des anciens propriétaires de la ferme que nous habitions lorsque j’étais enfant…
La maison appartenait autrefois à un couple d’agriculteurs et à leurs deux fils. À l’aube de la Secondes Guerre mondiale, le mari, un patriote convaincu, avait abandonné ses champs de blé pour le champ d’honneur. En mai 1940, il fut envoyé à Amiens afin de garnir les troupes ayant pour mission d’empêcher les allemands de prendre la ville, objectif majeur de la Wehrmacht avant de marcher sur la capitale…
Malheureusement, le 19 mai, le pauvre homme fut tué par l’attaque aérienne qui détruisit une grande partie du centre-ville. La veuve de l’agriculteur, incapable de subvenir aux besoins de ses enfants et refusant de se remarier, avait sombré dans le désespoir. Et un soir, elle servit à ses fils une tasse de lait qu’elle avait empoisonnée avec de la mort au rat, avant de se pendre dans le salon…
En lisant l’article, je sentis un frisson me parcourir. Mais c’est la photo qui accompagnait le texte qui me glaça le sang. Une image jaunie et granuleuse du salon, notre salon. Le corps de la femme pendait à une poutre, et juste en dessous, renversée, se trouvait cette vieille chaise en bois, placée exactement au centre de la pièce…
Effrayant, non ? Les souvenirs d’enfance ont ce pouvoir de nous faire sourire, de nous rendre nostalgiques. Mais quand on y regarde de plus près, il arrive parfois que ces moments innocents cachent des vérités bien plus troublantes. Et c’est là que l’enfance, dans toute sa douceur, laisse place à une certaine… inquiétude. 👻
J’espère en tout cas que cette histoire vous a plu. Si c’est le cas, n’hésitez pas à me laisser un commentaire, ou bien à la partager !
Merci beaucoup de m’avoir lu, et à très bientôt pour une nouvelle histoire ! 😉