Aurais-tu un instant à m’accorder ? Ne t’inquiète pas, ce ne sera pas long. Regarde autour de toi : la nuit est belle, si belle ce soir. Pas un seul nuage pour voiler la vue, pas un souffle de vent pour troubler le silence. Juste le ciel, immense, étincelant, parsemé d’une myriade d’étoiles. Des points lumineux, si lointains qu’ils semblent presque irréels, mais si nombreux qu’ils nous rappellent à quel point nous sommes petits.
L’espace. Une source infinie de beauté et de mystère. Il inspire les poètes et les écrivains comme moi, éveille la curiosité des scientifiques, et suscite en nous des questions métaphysiques qui nous obsèdent et, parfois, nous terrifient. Qui sommes-nous vraiment ? Que faisons-nous ici, à tourner sur cette boule bleue, suspendue dans le vide glacial ?
Si tu as un peu de chance, tu pourras entrevoir l’infini. Bon, d’accord, pas l’infini dans son entièreté, mais tu ne seras jamais aussi proche de lui qu’en cet instant. Maintenant, ferme les yeux. Prends tous les souvenirs de ta vie – chaque instant de joie, de peur, d’amour – et multiplie-les par chaque personne vivante, ayant vécu, ou qui vivra un jour sur cette Terre. Ça en fait du monde, non ? Une infinité de vies, d’histoires, de pensées.
Et pourtant… tout cela – tout ce qui est, tout ce qui fut et tout ce qui sera – toutes les informations que l’univers contiendra un jour étaient, bien avant que le temps lui-même ne commence à s’écouler, confinées dans un minuscule point suspendu quelque part dans le vide et l’infini. Dans cette singularité.
Chaque fois que j’y pense, j’en ai le vertige. Imaginer tout l’univers – la lumière des étoiles, le frisson du vent, les battements de chaque cœur – concentré en un seul point… c’est à la fois terrifiant et sublime. Car dans cet inconnu insondable, dans cette immensité que nous ne pouvons qu’effleurer, réside toute la beauté du mystère.