Messieurs-dames, bien l’bonjour ! 😀
Après avoir écrit et posté plusieurs fictions très courtes, je me suis concentré sur une histoire un peu plus longue. Je vous rassure : nous sommes loin d’un roman de six-cent-cinquante pages ! Mais qui sait : un jour, peut-être, j’écrirai un vrai livre ? 📖
Bref ! Cette histoire s’intitule Raining Stars et est inspirée de la musique du même nom du groupe de métal allemand Lord of the Lost. Tout comme la chanson, cette fiction aborde des thèmes comme l’amour et la fin du monde… Bon, je l’admets : ce n’est pas ultra joyeux ! Mais malgré ça, j’ai vraiment aimé l’écrire !
Sur ces mots, je vous laisse à votre lecture ! 😉
« Le Jour du Jugement Dernier est arrivé ! Repentez-vous ! Implorez le Tout-Puissant et demandez pardon pour vos péchés, car le Royaume des Cieux est proche ! »
La Fin du Monde… Pour beaucoup, ce n’était rien d’autre que le discours de quelques illuminés ou le prêche de gourous en quêtes de fidèles crédules pour nourrir leur secte bidon et les plier à leur volonté. D’autres, plus terre-à-terre, imaginaient plutôt une fin brutale de l’humanité, un effondrement global sans intervention divine, mais causé par des forces qui nous échappent. Les hypothèses étaient nombreuses, tantôt d’origine naturelle comme la chute d’un astéroïde ou une pandémie mortelle, tantôt d’origine humaine, avec en première et deuxième positions une guerre nucléaire et le réchauffement climatique… Et même si ces scénarios servaient généralement à alimenter les théories complotistes et les discussions de comptoir, beaucoup malheureusement se montraient sceptiques, convaincus que cela n’arriverait jamais – ou du moins, par de leur vivant. Mais j’imagine qu’ils ont tous changé d’avis depuis les événements de ce matin…
Aucun astrophysicien, chimiste ou scientifique n’avait anticipé pareille catastrophe. Répondez-moi franchement : m’auriez-vous cru si je vous avais dit que le soleil exploserait un jour en mille morceaux ? Vous vous seriez moqués de moi, avant de rétorquer que cette histoire ressemble davantage à un mauvais film catastrophe, avec un scénario scientifiquement bancal. Ce jour est pourtant bel et bien arrivé, et tandis que le prédicateur que je croisais souvent dans cette rue sautille frénétiquement en agitant sa pancarte sur laquelle on pouvait lire « Le Jugement Dernier est proche ! » – sans doute pour la dernière fois d’ailleurs – je contemple le ciel autrefois bleu avec une angoisse que jamais je n’avais ressenti jusqu’à présent.
Car au milieu de cet espace teinté d’un rouge profond et cramoisi, au-dessus du monde, le Soleil morcelé était devenu plus noir encore que le néant dans lequel il se tenait, immobile sur son axe éternel, bien avant notre existence sur Terre. Des fragments se détachent petit à petit de cet astre que nous pensions tous immuable, propulsés dans l’espace à des vitesses inimaginables.
Je les vois fendre le ciel en une nuée ardente, chaque morceau incandescent percutant les immeubles de la ville. Désorientés, effrayés, les oiseaux s’envolent de leurs perchoirs à la recherche d’un nouvel abri, mais beaucoup finissent par s’écraser au sol, frappés de plein fouet par cette pluie de cailloux stellaires brûlants.
Autour de moi, c’est le chaos absolu : Paris, la ville où je suis né et où j’ai grandi, est consumée par les flammes. Le temps semble suspendu, moqueur, comme s’il avait décidé de prolonger notre agonie. Les cris déchirent l’air. Dans le désordre le plus total, les gens courent, se bousculent, s’écrasent. Des parents cherchent leurs enfants, et des enfants leurs parents. Certains s’immobilisent, figés par le désespoir, le regarde vide, tourné vers le ciel écarlate. À quelques pas, j’aperçois deux hommes qui se serrent dans les bras, pleurant en silence ; ils ne se connaissaient même pas dix minutes auparavant, et les voilà unis dans un dernier élan de réconfort, avant que tout ne s’arrête… Une personne attrape désespérément une autre, implorant de l’aide pour échapper à cette fin brutale. Mais à quoi bon lutter : nous ne sommes tous rien de plus que des spectateurs impuissants aux premières loges de l’apocalypse. Et face à ce déferlement d’émotions humaines, à cette panique totale, je sens une terreur profonde, brute, dévorante, m’envahir.
Soudain, mon cœur manque un battement. Depuis combien de temps suis-je planté là ? Reprenant lentement conscience de mon corps, je tourne la tête et bouge mes bras qui s’étaient entretemps engourdis. En serrant les poings, je sens quelques se froisser entre mes doigts. Un sachet en papier brun rempli de viennoiseries… Quand est-ce que je les ai achetées, et pour quelle raison ? Les questions fusent dans ma tête, mais impossible d’y répondre… Puis, un éclair de lucidité me traverse, un souvenir qui s’impose brusquement. Paniqué, je parviens enfin à détacher mon regard de cette scène digne de mes pires angoisses pour observer autour de moi. Où es-tu ? Cette question, je me la répète une dizaine de fois, et chaque répétition ne fait qu’accentuer mon inquiétude. Nous devions nous retrouver pour prendre le petit-déjeuner ensemble, mais ce détail s’est envolé au moment où mon regard s’est figé sur cet œil noir gigantesque qui nous toise depuis le ciel.
Compte tenu de l’urgence de la situation, et du besoin vital que représentait désormais notre rendez-vous, je m’élance à travers l’allée piétonne, slalomant entre les débris et les bâtiments qui s’affaissent et s’écroulent dans un craquement terrible, et entame ma course effrénée dans les rues de la capitale française défigurée.
Après quelques minutes de course, un moment d’inattention me fait percuter le capot d’une voiture arrêtée en plein milieu de la rue, et le sachet de viennoiseries m’échappe des mains. La douleur fuse dans ma jambe, et un flot d’insultes me traverse l’esprit. Je serre les dents, et pris d’un coup de colère, je frappe violemment la carrosserie du poing. Mais au moment où je m’apprête à crier sur le conducteur, je me fige : l’habitacle est vide. Comme toutes les voitures alentour, abandonnées lorsque les premiers éclats du Soleil ont commencé à déchirer le ciel. Comprenant qu’il serait inutile d’appeler la police ou les pompiers pour signaler un accident, je boite quelques mètres, secoue ma jambe pour atténuer la douleur, et reprends ma course. Je ne suis plus très loin, à une douzaine de mètres tout au plus… En face de moi, la façade d’un immeuble s’effondre dans un grondement assourdissant, soulevant un épais nuage de poussière. Une prière muette traverse mon esprit : que ces quelques minutes ne soient pas mes dernières. Mais finalement, j’atteins les jardins du Trocadéro, là où nous devions nous retrouver…
Les statues qui ornaient autrefois l’allée sont méconnaissables, défigurées, et le bassin central, pulvérisé en mille morceaux, gît parmi les débris incandescents qui ont plu du Soleil morcelé. Ce même Soleil… Tandis que je cours au milieu des décombres, je lutte pour ne pas lever les yeux vers le ciel, pour ne pas laisser cette sphère d’un noir profond capturer mon regard. Rien que d’y penser, la terreur me paralyse. Je suis à deux doigts de m’effondrer, mais tant que je n’aurai pas revu ton visage, je ne m’arrêterai pas !
C’est alors que l’horrible réalité me rattrape. Un homme s’approche de moi en titubant, sa tête ballotant de gauche à droite, comme s’il peinait à garder son équilibre. Ses mouvements sont hésitants, maladroits.
Nos regards se croisent, et je vois dans ses yeux une peur si intense qu’elle me glace le sang. Lentement, il lève les bras et pose ses mains sur mes épaules, ses doigts se crispant sur mon pull. Il ouvre la bouche, tente de parler, d’articuler des mots, mais rien ne sort. Et alors que je m’apprête à lui demander s’il a besoin d’aide, son emprise faiblit soudain, et il s’effondre lourdement à mes pieds. Mon cœur s’arrête. Je reste figé, tremblant devant son corps inerte, incapable de comprendre ce qui vient de se passer.
Tétanisé devant le cadavre, un souvenir me revient en mémoire, comme un écho lointain. C’était à la fac, il n’y a qu’un an, et pourtant j’ai l’impression qu’une éternité me sépare de ce moment. Un passage de cours, de la psychologie je crois, où le professeur évoquait les besoins et les accomplissements de vie. À l’époque, cela m’avait semblé très théorique, trop abstrait et philosophique, et surtout très éloigné de ce que j’étudiais à ce moment-là, mais qui aujourd’hui prend ironiquement tout son sens. Selon lui, chacun de nous entendrait, juste avant de mourir, une petite voix nous murmurer à l’oreille une ultime question : « Es-tu heureux de la vie que tu as menée ? As-tu des regrets ? ». Lorsqu’il nous avait dit ça, un frisson m’avait parcouru le corps. Et maintenant, tandis que mon regard balaie les jardins du Trocadéro, où tant de gens se recroquevillent, pleurent et hurlent de tout leur être, ce même frisson refait surface. En cet instant, je suis certain que toutes et tous entendent cette même question, implacable, qui les pousse à faire le bilan de leur vie. Et pour beaucoup… je devine déjà leur réponse…
Soudain, je t’aperçois au milieu de la foule, agenouillée parmi les décombres, le regard perdu vers le ciel. Même à cette distance, je lis sur ton visage le tumulte d’émotions qui t’assaille : incompréhension, peur, déni, colère, désespoir. Sans perdre une seconde de plus, je cours vers toi. Dans ma précipitation, je trébuche sur un bloc de pierre, me rattrape de justesse, bouscule un inconnu sans prendre le temps de m’excuser, jusqu’à te rejoindre enfin et m’asseoir près de toi.
Mais tu ne me vois pas encore, trop absorbée par cette étoile noire qui menace de se disloquer et de s’éparpiller dans notre atmosphère, plongeant notre monde dans le néant. Je te secoue, je t’appelle, je crie ton prénom malgré les sanglots… Et enfin, tu tournes la tête. Enfin, tu me vois. Mes mains se posent sur tes joues et essuient les larmes qui glissent sur ta peau. L’air désolé, tu bouges les lèvres et essaies de parler, mais les mots te manquent. Pourtant je devine ce que tu cherches à me dire et, attendri, je te souris en retour. Pris par le temps qu’il nous reste, mes lèvres te répondent et osent dessiner les syllabes que je m’étais juré de t’avouer aujourd’hui. Et malgré la cacophonie, tu comprends. Tes bras s’enroulent autour de moi, les miens t’enserrent en réponse, et nous nous blottissons l’un contre l’autre. Ce havre de paix était tout ce dont j’avais besoin maintenant. La pression retombe d’un coup et je n’arrive plus à retenir mes larmes.
Dépassé par tout ce qui vient de se passer, mon esprit est assailli de souvenirs, aussi vivides que la réalité. Je pense à toutes les belles choses qui m’attendaient dans l’avenir : aux nombreux projets que ma procrastination a repoussés encore et encore avant de disparaître définitivement de ma mémoire ; aux merveilleux moments que nous aurions pu vivre toi et moi… Je repense à notre rencontre, à ma maladresse et à ma timidité. Je remonte plus loin encore, la fac et le lycée, mon adolescence et mon enfance, mes amis et ma famille. Je me maudis pour toute cette négligence vis-à-vis d’eux, pour le temps précieux que j’ai laissé filer sans profiter pleinement de leur présence, pour ces fois manquées où je n’ai pas osé leur dire à quel point je les aimais. Où sont-ils tous, en ce moment ? Sont-ils… Non ! Je refuse de penser à ça !
Les souvenirs se pressent dans ma tête, me font trembler, mes sanglots redoublent. Je suffoque, chaque souffle un peu plus court, tandis que ma poitrine se soulève et s’affaisse en saccades, et que mon cœur menace d’exploser. Et soudain : je l’entends. Cette voix insidieuse qui me ronge l’esprit comme un acide rongerait le métal, cette petite voix cruelle me posant sa question assassine ! Non ! Pas maintenant, pas comme ça !
Mais alors que je m’apprête, par réflexe, à me boucher les oreilles pour échapper à cette question qui me ronge, la chaleur de tes paumes contre mes joues me ramène à la réalité. En quelques secondes, ma respiration se calme, et je finis par me redresser. Le chaos règne toujours autour de nous, mais je me sens comme apaisé et libéré d’un poids. Ton regard plongé dans le mien semble vouloir me dire de ne pas m’en faire, de ne pas ressasser le passé ou d’envisager inutilement l’avenir. Car plus rien d’autre n’a d’importance à présent : nous sommes ensemble, ici et maintenant.
Et tandis que le monde autour de nous s’embrase pour la dernière fois, nous restons là, à nous observer, les yeux encore humides. Un sourire se dessine sur nos lèvres, et nous nous embrassons. À quoi bon égrener les regrets et les « si seulement » ? Il est désormais impossible de faire machine arrière. Alors, au milieu de ce spectacle d’une beauté déchirante, sous cette apocalypse flamboyante et cette pluie d’étoiles incandescentes, transformons ce dernier instant en bonheur. Faisons-le durer encore un peu : aimons-nous une dernière fois, embrassons-nous une dernière fois, et dansons.
Dansons sous une pluie d’étoiles.
Re ! 😃
Merci d’avoir pris le temps de lire cette histoire ! J’espère en tout cas qu’elle vous a plu, et qu’elle a su toucher votre cœur ! Si tel est le cas, alors cela signifie que j’ai réussi à transmettre ce que je voulais !
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Voili voilou ! Encore une fois : merci beaucoup d’avoir lu cette fiction ! Je vous souhaite une bonne journée, soirée ou nuit selon l’heure à laquelle vous lirez ces lignes, et je vous dis à la prochaine pour un nouvel écrit ! Chalut ! 😸