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Joute spatiale

par Stéphane · 4 septembre 2025

L’équipage retenait son souffle. Le vaisseau ennemi n’était plus qu’à quatre cent mille kilomètres, et se rapprochait à une vitesse vertigineuse. Sur la passerelle du Stellara Nova, chaque seconde s’étirait, tendue comme une corde prête à rompre. Dans moins d’une minute, les deux croiseurs seraient à portée de tir.

« Capteurs en alerte maximale, capitaine ! »

Debout sur la passerelle, le regard rivé sur l’immense baie vitrée du poste de commandement, le capitaine fixait l’obscurité glaciale de l’espace. Là-bas, au loin, un point brillant grossissait peu à peu. Ce n’était qu’une lueur au début, mais à mesure que la distance diminuait, le croiseur ennemi se dévoilait, imposant, menaçant.

À cent quatre-vingt-onze mille deux cent quatre-vingt-treize kilomètres, les capteurs vibrèrent, affamés. Leurs ondes effleurèrent la surface du mastodonte qui venait d’apparaître sur les radars, scannant ses moindres angles, cherchant la moindre faille. La tension dans l’air était presque palpable. Et soudain, un signal. Une faiblesse infime, une fissure de l’ordre du micron dans la coque scintillante du vaisseau ennemi.

Mais l’équipage du Stellara Nova n’eut pas le loisir de s’en réjouir : son adversaire était prêt, lui aussi. À quarante-deux mille kilomètres, il pivota brutalement et se plaça en travers de la trajectoire de sa cible, exposant ses énormes canons. Les lumières sur sa coque s’intensifièrent, et en un instant, une décharge de cent million de joules fendit l’espace. L’énergie heurta le croiseur de plein fouet. L’impact le fit vibrer, projetant des étincelles sur la passerelle. Les alarmes retentirent en une cacophonie de bips et de sons stridents, et la passerelle s’embrasa d’une lueur rouge.

« Quels sont les dégâts ?! Je veux un rapport ! hurla le capitaine, tandis que les écrans tactiques affichaient différents messages d’alertes. »

L’officier des systèmes, une jeune femme aux traits anguleux et aux cernes marqués par de longues heures de veille, fit glisser frénétiquement ses doigts sur l’écran de contrôle. Les données défilaient à toute vitesse.

« Impact à tribord, secteur 3A ! cria-t-elle sans lever la tête. La coque externe a tenu, mais les boucliers sont tombés à 27% ! Un second tir direct et nous sommes fichus, capitaine ! »

Un autre officier, responsable des mécanismes internes du vaisseau, ajouta d’une voix étranglée :

« Perte de pression détectée dans le couloir latéral 3C, monsieur ! Les cloisons se sont refermées automatiquement pour éviter d’autres problèmes, mais…

– Mais quoi ?! s’impatienta le capitaine.

– On a une microfissure qui s’étend vers le réservoir auxiliaire. Si elle atteint les conduits principaux…

– Envoyez une équipe d’intervention immédiatement ! Je veux que cette fissure soit colmatée en moins de deux minutes ! »

Un grésillement dans les haut-parleurs interrompit l’échange, puis la voix de l’officier en charge des capteurs se fit entendre :

« Capitaine, le croiseur ennemi vient de surcharger ses systèmes pour ce tir. Ses boucliers sont affaiblis à 12% ! On a une ouverture, mais elle ne durera pas longtemps ! »

Dans cette manœuvre, le vaisseau ennemi avait commis une erreur fatale : il s’était trop exposé. Le capitaine hésita une fraction de seconde. Son regard balaya la passerelle, observant ses officiers, chacun tendu à son poste et attendant les ordres. Puis il se redressa et aboya d’une voix ferme :

« Feu à volonté ! Tirez avant qu’ils ne se réarment ! Visez les moteurs et la jonction avant ! »

Le tir du Stellara Nova illumina alors l’obscurité, un rayon d’énergie d’une précision mortelle. Pendant un instant suspendu dans l’éternité, les deux vaisseaux n’étaient séparés que de quelques mètres. Leurs coques se frôlèrent presque, comme deux prédateurs échangeant un dernier regard avant l’assaut final.

Puis tout explosa. La décharge éventra le croiseur ennemi, et sa carcasse se rompit dans un fracas muet. Des fragments incandescents s’éparpillèrent, dérivant lentement dans le vide intersidéral. Une épave. Le Stellara Nova, lui, s’éloignait, meurtri mais invaincu. Le silence pesant qui avait enveloppé la passerelle après le tir se brisa soudain en un tonnerre d’acclamations. Tous applaudirent le capitaine, tous se félicitèrent de cet assaut décisif, soulagés d’être toujours en vie.

Les bras croisés, le capitaine observa un instant les débris qui flottaient à l’extérieur. Un sourire discret, presque imperceptible, éclaira son visage marqué par la fatigue. Leur traque s’arrêtait là : il était temps de rentrer à la maison, à des années-lumière d’ici…

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