By Onyrism Posted in One Shots 0 Comments 24 min read
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Bien le bonjour ! đ
Pour cette nouvelle histoire, j’aimerais vous livrer une anecdote. Lorsque j’ai quittĂ© les bancs du lycĂ©e pour ceux de la fac, j’admets avoir naĂŻvement pensĂ© que ce serait une « promenade de santé », que mes acquis et mes facilitĂ©s me permettraient de ne pas trop me soucier des partiels. Pourtant, en dĂ©couvrant le degrĂ© de prĂ©cision que certains professeurs exigeaient dans leurs sujets d’examen, j’ai rapidement dĂ©chantĂ© ! Ă tel point que je n’ai Ă ce jour gardĂ© que trĂšs peu de souvenirs de ces grands moments de torture… sauf pour un ! đ
Ainsi donc, aprĂšs l’avoir relue et retravaillĂ©e, je vous propose de dĂ©couvrir cette tranche de vie, intitulĂ©e Les joies de l’impasse ! (un titre amusant quand il est question de partiels đ€).Â
Bonne lecture Ă vous !
Tic⊠tac⊠tic⊠tacâŠ
Lâheure approchait Ă grands pas et le stress continuait de grimper. Tandis que jâĂ©tais dans le couloir Ă observer autour de moi les autres Ă©tudiants qui participaient Ă©galement Ă lâĂ©preuve, jâĂ©coutais dâune oreille peu attentive les commentaires et les discussions de mes camarades de promo. « Tâas relu le cours de⊠machin, lĂ , sur le dĂ©veloppement cĂ©rĂ©bral ? », « Merde ! Jâai pas rĂ©visĂ© mes notes sur les techniques dâimagerie ! » ou encore, plus lunaire cette fois-ci : « Ăa porte sur quoi le partiel, dĂ©jĂ Â ? ». Toutes ces petites phrases qui ne faisaient quâintensifier lâapprĂ©hension que nous avions tous sur le partiel Ă venir ! Je tournai alors la tĂȘte en direction de la salle et observai de loin les feuilles accrochĂ©es sur le tableau dâaffichage Ă cĂŽtĂ© des portes. Sur ces bouts de papier : nos noms et les places qui nous avaient Ă©tĂ© attribuĂ©es.
LassĂ© dâĂ©couter les autres, je me frayai un chemin entre les Ă©tudiants pour aller connaĂźtre mon numĂ©ro de table. Mais en passant Ă travers la masse humaine, je bousculai maladroitement une fille qui discutait avec une amie. Elle se retourna aussitĂŽt et me lança un regard noir. Jâavais lâimpression dâavoir interrompu une conversation de la plus haute importance, si bien que je lui prĂ©sentais mes excuses dâune voix penaude, ajoutant au passage Ă quel point je pouvais ĂȘtre pataud. Malheureusement, le caractĂšre anxiogĂšne des partiels ne mâaida pas et mes excuses Ă©taient aussi efficaces quâun pansement sur un hĂ©matome. Lâinconnue grommela puis reporta son attention vers son interlocutrice avant de se plaindre de lâimpolitesse et de la dĂ©sinvolture des gens de maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Je levai les yeux au ciel et soupirai silencieusement, trouvant sa rĂ©action totalement disproportionnĂ©e. Mais, prĂ©fĂ©rant Ă©viter dâenvenimer la situation, je dĂ©cidai de ne pas lui rĂ©pondreâŠ
ArrivĂ© Ă proximitĂ© de la porte, mes yeux parcoururent rapidement les noms inscrits sur la liste. Comme Ă mon habitude, je dĂ©marrai mes recherches par le bas de la page, me situant plutĂŽt prĂšs de la fin que du dĂ©but de lâalphabet. « 37âŠÂ » murmurai-je en suivant la ligne oĂč mon nom Ă©tait inscrit avant de faire demi-tour et de rejoindre mes amis.
« Alors ? Je vois quâon drague avant les partiels ? me lança ThĂ©o, un sourire moqueur sur les lĂšvres. »
Perdu dans mes pensĂ©es, je ne compris pas aussitĂŽt ce quâil avait voulu me dire. Je le fixais, silencieux et dubitatif, tandis quâil me faisait un signe discret de la tĂȘte en direction de la personne que je venais Ă lâinstant de bousculer.
« Hein ? Ah ! Je marquai une courte pause avant de hausser les Ă©paules. Tâes conâŠ
â Ăa va, mec ! Jâte sens tendu ! Faut arrĂȘter de stresser pour les partiels ! Perso : jây vais tran-qui-llou !
â En mĂȘme temps, vu le retard que tâas pris avec le premier semestre, ça ne mâĂ©tonne pas. ââFoutu pour foutuââ, hein ?
â HĂ© hĂ© hĂ©, jâavoue ! Comme ça au moins, si je me foire, je ne serai pas déçu !
â Bravo, quelle mentalitĂ©. Tu pourrais essayer de te bouger pour valider ton annĂ©e, au moins ! »
ThĂ©o soupira et haussa les Ă©paules Ă son tour avant de se tourner vers la salle. Je savais quâil Ă©tait mal parti pour rĂ©ussir sa premiĂšre annĂ©e de master, mais jâessayais malgrĂ© ça de lâaider Ă sâen sortir. Mais bon : je crois quâil avait jetĂ© lâĂ©ponge depuis longtempsâŠ
Alors que je regardais dans le vide, je vis une main sâagiter devant mes yeux. Je tournai alors la tĂȘte : LĂ©a Ă©tait arrivĂ©e, accompagnĂ©e de deux autres filles qui traĂźnaient habituellement avec elle, Laora et Charlotte.
« Tiens, salut les filles ! réagis-je en leur faisant la bise tour à tour. Vous allez bien ?
[Note de lâĂ©crivain : Car oui, aussi surprenant que cela puisse paraĂźtre, Ă cette Ă©poque prĂ©-covid, la bise Ă©tait encore une chose courante ! ^^]
â Ouais, bofâŠÂ me rĂ©pondit Laora, blasĂ©e. Tu as rĂ©visé ?
â Ăa dĂ©pend les cours. Dans lâensemble jâai les bases, mais pour ce qui est des dĂ©tails de certains chapitres⊠Franchement, je vais faire comme dâhabitude : y aller au talent ! »
Le trio se mit Ă rire avant de rĂ©torquer que le talent nâĂ©tait pas toujours aussi efficace quâon voulait bien le croire. Ce Ă quoi je rĂ©pondis quâil ne mâavait, jusquâĂ prĂ©sent, jamais déçu⊠du moins pas assez pour me forcer Ă travailler dâarrache-pied ! Mais je savais pertinemment au fond de moi quâil y avait un dĂ©but Ă tout. La seule chose que jâespĂ©rais Ă©tait que ce dĂ©but ne me tombe pas dessus maintenant ! Un court instant aprĂšs, ThĂ©o fit rĂ©apparition. Il salua Ă son tour les arrivantes, puis lança dâun ton amusé :
« Alors, vous le sentez comment ?
â Oh, trop mal ! sâexclama LĂ©a. Jâai relu que les cours sur la plasticitĂ© cĂ©rĂ©brale, les comportements de jeux chez lâanimal, et ceux sur le dĂ©veloppement et la cognition chez lâenfant.
â Bah ça va, tâen connais une bonne partie quand mĂȘme ! lĂącha-t-il, cherchant Ă la rassurer. Plus que moi, en tout cas !
â Ah, dâailleurs, demandai-je au petit groupe, vous avez relu le cours quâon a eu sur lâimagerie ?
â Quel cours ? me demanda Charlotte.
â Le cours de⊠ah, mince, jâme souviens plus du nom de la prof⊠Ce nâĂ©tait pas vraiment un cours, dâailleurs, mais plutĂŽt une prĂ©sentation de thĂšse, ou quelque chose comme ça.
â Aaaaaaah ! Oui, je vois bien ! Petit silence. Pas relu pour ma part.
â Non mais mec, son cours Ă©tait tellement insignifiant quâil tombera jamais ! me rĂ©pondit ThĂ©o qui, de son cĂŽtĂ©, semblait avoir fait quelques pronostics sur les sujets du partiel Ă venir. »
Câest alors quâil se mit Ă nous expliquer son point de vue. Ses « scĂ©narios catastrophe », en quelque sorte⊠Selon lui, les cours les plus importants Ă©taient ceux prĂ©sentĂ©s par les responsables du master, et Ă en juger le « poids » du professeur Ă lâorigine du cours sur lâimagerie cĂ©rĂ©brale, il Ă©tait trĂšs peu probable que le sujet dâaujourdâhui comporte un de ses intitulĂ©s. Mais alors quâil allait nous annoncer son classement, les portes de la salle sâouvrirent.
Toute lâattention se focalisa alors sur la personne qui venait de dĂ©bouler dans le couloir. Une dame plutĂŽt petite, le regard sĂ©vĂšre et des lunettes fines. AprĂšs avoir fait une sortie fracassante, elle annonça que nous pouvions y aller. Un flot dâĂ©tudiants convergea alors vers la salle, chacun jetant un coup dâĆil rapide aux feuilles du tableau dâaffichage. Je rejoignis le mouvement aux cĂŽtĂ©s de mes amis, puis nous entrĂąmes. Devant nous : quatre rangĂ©es de tables parfaitement alignĂ©es, qui partaient du bureau Ă lâentrĂ©e jusquâau armoires mĂ©talliques au fond de la piĂšce. En constatant la vĂ©tustĂ© des lieux et du mobilier, je lĂąchai un profond soupir. Jâallais trĂšs certainement me retrouver assis devant une table bancale, qui ferait « toc » Ă chaque fois que je me pencherais sur ma copie. Sans parler du bruit que feraient mes bracelets contre la table Ă chaque mouvement du bras et du poignet. Mais je nâavais pas le luxe de tester la stabilitĂ© de chaque table : il me fallait prendre place. AprĂšs quelques secondes Ă longer la premiĂšre rangĂ©e tout en comptant mentalement, jâarrivai devant le numĂ©ro trente-sept. Une fois installĂ©, je me retrouvai face Ă la fameuse copie double dâexamen. Je sortis de quoi noter, une bouteille dâeau, ma carte dâĂ©tudiant, puis dĂ©posai mon sac au pied de ma table ainsi que mon tĂ©lĂ©phone, Ă©teint pour lâoccasion. Sous mes yeux, une seule copie dâexamen, ce qui par dĂ©duction annonçait un seul et unique sujet. Ătait-ce une bonne ou une mauvaise chose, ça, difficile Ă dire. Dans ma tĂȘte, jâavais surtout lâimpression que lâon venait de me tendre un pistolet avant de me demander si jâĂ©tais prĂȘt pour une roulette russe⊠Seul petit hic : dans le barillet, un seul emplacement Ă©tait vide. Dans tous les cas, si je voulais remonter un peu ma moyenne, je nâavais pas dâautre choix que de cartonner.
Tandis que je balayais la salle du regard et que je cherchais Ă lire ce quâil se passait dans la tĂȘte des autres Ă©tudiants, une petite voix dans mon dos mâappela. CâĂ©tait Charlotte, assise Ă la table juste derriĂšre moi, qui me demanda si je stressais.
« Aha, câest gentil mais ne tâen fais pas pour moi : jây vais au talent, tu le sais bien ! MalgrĂ© mon lĂ©ger sourire, cette assurance dissimulait une anxiĂ©tĂ© certaine, bien que je fusse trop fier pour la dĂ©voiler. Et toi ?
â Je pense que je vais faire la mĂȘme chose, me rĂ©pondit-elle, surtout si on tombe sur le cours dâimagerieâŠ
â Mais il ne tombera pas, je fais confiance aux pronostics de ThĂ©o ! Son cours Ă©tait plutĂŽt nul, jâvois pas pourquoi la prof nous le mettrait ! »
Charlotte lĂącha un petit rire avant dâobserver derriĂšre moi les surveillants qui Ă©talaient sur les tables les enveloppes scellĂ©es. Je regardai ma montre une derniĂšre fois : dans moins dâune minute, les sujets seraient dĂ©voilĂ©s.
Soudain, le bruit de fond qui rĂ©gnait dans la salle sâestompa : les surveillants dâexamen commencĂšrent Ă passer entre les rangs pour nous distribuer les feuilles tant redoutĂ©es. Le calme finit par sâinstaller, malgrĂ© quelques chuchotements trĂšs vites rĂ©primandĂ©s par les « On se concentre ! » de nos garde-chiourmes.
La copie arriva finalement sur ma table. Nous avions bien sĂ»r pour consigne de ne retourner nos feuilles quâau signal de dĂ©part. Je me retournai alors discrĂštement pour observer ThĂ©o, six rangs plus loin, et lui adressai un sourire. Celui-ci me fit un clin dâĆil en retour, mais mĂȘme sâil voulait paraĂźtre dĂ©tachĂ©, son tremblement de jambes le trahissait. Impatients de connaĂźtre le contenu de lâexamen, nous soulevĂąmes lentement nos sujets et, la tĂȘte lĂ©gĂšrement penchĂ©e sur le cĂŽtĂ©, nous essayĂąmes tous deux de lire le nom du professeur responsable de lâintitulĂ© du jour. Cela nous donnerait une idĂ©e de nos chances de survie ! Mais contre toute attente : deux consignes nous Ă©taient proposĂ©es. Ătrange, sachant que nous nâavions quâune seule copie⊠Câest alors que je vis en en-tĂȘte une indication concernant lâĂ©preuve : « Traiter au choixâŠÂ ». VoilĂ qui me rassura lâespace dâun instant, et je retirai mentalement une cartouche de mon fameux pistolet. Le jeu Ă©tait devenu plus facile dâun seul coup. Avec un peu de chance, jâarriverai Ă mâen sortir sur un des deux sujets et limiterai ainsi la casse. Mais alors que je me sentis en veine, mes yeux se posĂšrent sur le premier thĂšme Ă aborder : « Imagerie cĂ©rĂ©brale ». La fourbe ! Elle avait osé !
Je me retournai immĂ©diatement : Charlotte, comme Ă son habitude, restait sĂ©rieuse, mais me lança un regard qui en disait long. Et dire que je fanfaronnais quelques instants plus tĂŽt, persuadĂ© que ce sujet nâapparaĂźtrait jamais sur nos feuilles. ThĂ©o, quant Ă lui, qui avait Ă©galement lu les mĂȘmes mots que nous, me fixa dâun air interloquĂ© la bouche grande ouverte avant de bouger les lĂšvres silencieusement. De loin, jâarrivai Ă lire le message quâil mâenvoyait.
« La⊠sa⊠loâŠÂ »
Mais au moment oĂč je mâapprĂȘtais Ă rĂ©agir, je sentis la prĂ©sence dâun des surveillants qui venait Ă lâinstant de se placer devant ma table :
« Vous avez besoin dâaide, peut-ĂȘtre ? me lança-t-il tout en me toisant sĂ©vĂšrement.
â Euh, non monsieur, dĂ©solĂ©âŠÂ »
Je baissai immĂ©diatement la tĂȘte en direction de ma table, attrapai mon stylo et attendis le signal de dĂ©part. Puis je retournai finalement ma feuille. Le stress grimpa brutalement. Faisant abstraction de lâinstabilitĂ© presque convenue de ma table, je laissai mon regard glisser sur le papier et pris connaissance des sujets. Comme nous lâavions vu prĂ©cĂ©demment, le premier sujet portait sur le cours de neuroimagerie, celui que personne quasiment nâavait relu, bien Ă©videmment. Sans mâattarder sur celui-ci, je lus rapidement le second Ă©noncĂ©. Au mĂȘme moment, je lançai un appel dĂ©sespĂ©rĂ© au Grand Barbu, priant pour que le deuxiĂšme sujet soit Ă ma portĂ©e. « Les exemples en faveur de lâexistence du stress prĂ©natal ». Ce sujet nâĂ©tait certes pas des plus intĂ©ressants, compte tenu de lâensemble des cours dispensĂ©s durant le dernier semestre, mais il Ă©tait davantage Ă ma portĂ©e que le premier.
AprĂšs avoir retirĂ© les feuilles de brouillon rangĂ©es dans ma copie, je commençai Ă crĂ©er mon plan. Quelque chose de passe-partout et de bateau⊠mais au vu des vagues souvenirs qui me revenaient Ă lâesprit, je savais pertinemment que je devrais Ă©toffer et broder si je voulais mâen tirer. PremiĂšrement, situer le contexte et annoncer le thĂšme Ă©tudiĂ©. DeuxiĂšmement, prĂ©senter le stress prĂ©natal et le dĂ©crire, avant de donner ses consĂ©quences sur le nouveau-nĂ©, et cĂŠtera⊠Au fur et Ă mesure que je faisais du tri dans mes idĂ©es, mon plan prenait forme. Mais il fallait que je me dĂ©pĂȘche : une heure et demie dâexamen, câĂ©tait trop peu ! Je me mis donc Ă Ă©crire mon introduction, confiant. Les premiers mots me vinrent assez facilement, chose qui me motiva dâailleurs : une bonne ouverture me donnerait lâĂ©lan nĂ©cessaire pour ordonner mes idĂ©es et construire quelque chose de cohĂ©rent. Malheureusement, une dizaine de mots plus tard, je me retrouvai bloquĂ©. Comment allais-je bien pouvoir poursuivre ? Je levai alors la tĂȘte et me mis Ă observer les autres Ă©tudiants autour de moi. Certains avaient le nez plongĂ© dans leur copie, recrachant presque machinalement leurs cours et connaissances, tandis que dâautres comme moi cherchaient dĂ©sespĂ©rĂ©ment lâinspiration. Je me retournai discrĂštement et vis ThĂ©o qui peinait visiblement Ă se lancer Ă©galement. Il me remarqua, me lança un sourire avant de jeter un Ćil Ă sa montre. MalgrĂ© la distance et le silence, jâĂ©tais en totale mesure de comprendre ce quâil pensait Ă cet instant : dâici quarante-cinq minutes, une fois le temps rĂ©glementaire Ă©coulĂ©, il se lĂšverait et quitterait la salle, peu importe le contenu de sa copie. Je me retournai alors en direction de ma propre feuille et me replongeai dans ma rĂ©flexion. Mais rien. En fixant longuement le bord de ma table, noirci et lĂ©gĂšrement rayĂ© aprĂšs des annĂ©es dâutilisation, jâen vins Ă me demander comment des idĂ©es saugrenues ou brillantes pouvaient soudainement Ă©merger du vide. Quel Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur pouvait amener Ă de folles dĂ©couvertes ? Et, en fin de compte, sur une avancĂ©e majeure et significative, combien de thĂ©ories se rĂ©vĂ©laient finalement inexactes, pour ne pas dire fumeuses et foireuses ? Je me mis alors Ă envier les grands penseurs et gĂ©nies passĂ©s et prĂ©sents, rĂȘvant mĂȘme de pouvoir capter pendant un court instant ne serait-ce quâune once de leur esprit et de leurs connaissances pour composer sur cet examenâŠ
Soudain, un Ă©clair de luciditĂ© me traversa lâesprit, suivi dâun flot dâidĂ©es. Me redressant sur mon siĂšge, je reportai mon attention sur ma copie qui ne contenait encore quâune dizaine de mots et mâemparai du stylo. Comme portĂ© par une Ă©nergie que je ne contrĂŽlais que trĂšs vaguement, ma main se plaça Ă la suite de ma premiĂšre phrase et se mit Ă Ă©crire. Mes idĂ©es sâenchaĂźnaient les unes aprĂšs les autres, et des Ă©lĂ©ments singuliers de mon cours resurgissaient spontanĂ©ment des trĂ©fonds de mon esprit, comme sâils avaient dĂ©cidĂ© de jouer Ă cache-cache avec moi avant de finalement se rendre. AprĂšs un dĂ©marrage plutĂŽt pessimiste, quelle sensation exaltante de voir les mots apparaĂźtre comme par magie sur ma feuille ! JâĂ©crivais de plus en plus vite, jusquâĂ ce que je ressente une vive douleur dans la main gauche, au niveau de mes doigts et de mes phalanges. Je tenais le stylo visiblement bien trop fermement, mais il Ă©tait hors de question de flancher maintenant : jâaurai tout le temps de me reposer ce week-end une fois ce partiel terminĂ©, câest-Ă -dire dâici une heure et quinze minutes.
Le temps passa⊠Une heure plus tard, un des surveillants de lâexamen annonça que ceux qui avaient dĂ©jĂ terminĂ© pouvaient dĂšs Ă prĂ©sent quitter la salle. Plusieurs chaises crissĂšrent sur le sol, et une ribambelle dâĂ©tudiants se dirigea vers le bureau pour y dĂ©poser leurs copies. Les moues dĂ©pitĂ©es que je vis dĂ©filer en disaient long sur le taux de rĂ©ussite. Je les comptai mentalement alors quâils remettaient aux examinateurs leurs feuilles, cherchant Ă dĂ©terminer combien dâentre nous avions Ă©tĂ© touchĂ©s par la grĂące divine et suffisamment inspirĂ©s pour faire « durer le plaisir ». Au moment oĂč jâallais me replonger dans ma rĂ©daction, ThĂ©o me frĂŽla tout en me donnant discrĂštement une tape amicale sur lâĂ©paule. Juste avant de sâĂ©loigner, il se pencha dans ma direction et me chuchota discrĂštement :
« CâĂ©tait nul⊠mais il faut que jâte raconte un truc ! »
Il dĂ©posa sa feuille sur le bureau, rĂ©ajusta son sac sur ses Ă©paules, puis quitta la salle. Pour ma part, il me restait encore une trentaine de lignes Ă noter avant de pouvoir mâĂ©chapper de cet enfer. Mais ce que mâavait dit ThĂ©o mâintriguait, si bien que je redoublai dâeffort et accĂ©lĂ©rai la cadence.
Une vingtaine de minutes plus tard, je jetai un Ćil Ă ma copie, relisant rapidement ce que jâavais notĂ© jusquâĂ prĂ©sent. Le rĂ©sultat nâĂ©tait pas aussi Ă©loquent que je lâaurais souhaitĂ©, mais cela suffirait amplement. Il ne me restait donc plus quâĂ rĂ©diger la conclusion. Mes doigts toujours crispĂ©s sur le stylo me faisaient de plus en plus mal, signe quâil Ă©tait grand temps pour moi dâen finir. Plus que quelques mots, une virgule, une phrase pseudo-philosophique pour conclure, une ouverture et⊠point final ! SoulagĂ©, je lĂąchai aussitĂŽt lâinstrument de torture sur la table, qui manqua de tomber du rebord, puis mâĂ©tirai avant de regarder la vive couleur rouge au niveau de mon majeur et au bout de mon index. « Ouf⊠Finito ! » me dis-je mentalement avant de me lever et de ranger mes affaires Ă©parpillĂ©es sur la table. Je me levai sans un bruit puis me dirigeai vers le bureau dâun air triomphant, sac sur lâĂ©paule et copie Ă la main.
Une fois dehors, plusieurs de mes amis attendaient, prĂȘts Ă mâassĂ©ner de questions. Et comme je mây attendais, LĂ©a lança les hostilitĂ©s sans me laisser une seule seconde de rĂ©pit :
« Alors ? Ăa a Ă©té ?
â Jâimagine que oui, vu comment tâas grattĂ© comme un cinglé ! sâexclama ThĂ©o, prenant part Ă la conversation.
â Bof, comme je lâavais dit : au talent. Jâai commencĂ© Ă broder, puis finalement les exemples quâon a vus en cours me sont revenus.
â Ouah, tâas de la chance ! rĂ©pondit LĂ©a. Au fait, quelquâun a pris le sujet de neuroimagerie ? »
Mais tous rĂ©pondirent par la nĂ©gative, bien Ă©videmment. Vu le cĂŽtĂ© incomprĂ©hensible du cours original, aucun dâentre nous se sây Ă©tait risquĂ©. Les chances de se rĂ©tamer Ă©taient bien trop Ă©levĂ©es en comparaison du second sujet, et mieux valait jouer la carte de la sĂ©curitĂ©. Tout Ă coup, le souvenir de ce que mâavait dit ThĂ©o juste avant de sortir me revint en mĂ©moire. ImmĂ©diatement, je me tournai vers lui et demandai Ă ce quâil explique ce quâil avait voulu dire tout Ă lâheure. Un grand sourire se dessina sur ses lĂšvres et, aprĂšs avoir ri, il nous expliqua :
« Tout Ă lâheure, y avait notâ prof qui passait un peu dans les rangs.
â Euh, oui, possibleâŠÂ Et donc ?
â Eh bien, Ă un moment, je nâĂ©crivais plus et je regardais dans le vide⊠Lâinstant dâaprĂšs, il est arrivĂ©, sâest postĂ© quelques secondes devant moi, a fixĂ© ma feuille presque vide, puis mâa balancĂ© un grand sourire aux lĂšvres ââAaaaah⊠les joies de lâimpasse !ââ avant dâse barrer ! »
StupĂ©faction gĂ©nĂ©rale, suivie dâune forte rĂ©action dâindignation. LĂ©a et Charlotte trouvĂšrent sa remarque trĂšs dĂ©placĂ©e, voire carrĂ©ment humiliante, mais Laora et moi apprĂ©ciĂąmes tout de mĂȘme la rĂ©partie, certes parfois acerbe, de ce professeur. ThĂ©o, quant Ă lui, partageait notre point de vue, dâautant quâil ne se sentit pas du tout dĂ©stabilisĂ© par la punchline, et avoua mĂȘme sâĂȘtre permis de rire en rĂ©ponse.
Dans tous les cas, une chose Ă©tait sĂ»re pour moi : si je voulais avoir mon annĂ©e et ne pas renouveler cette torture pour les rattrapages, je nâavais pas dâautre choix que de rĂ©viser plus assidĂ»ment pour le prochain partiel !
Re !
J’espĂšre que cette petite anecdote vous aura plu ! Peut-ĂȘtre avez-vous retrouvĂ©, Ă travers ces lignes, quelques souvenirs de vos annĂ©es d’Ă©tudes, sans parler du stress que l’on peut ressentir Ă l’approche d’un partiel ou d’un contrĂŽle !
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Quoi que vous fassiez, merci beaucoup pour votre lecture ! đ
Sur ce, je vous dis Ă bientĂŽt pour de nouvelles histoires !