By Onyrism Posted in One Shots 0 Comments 16 min read
Source image : Tithi Luadthong
Hello world! đ
Je suis trĂšs heureux de vous prĂ©senter ma premiĂšre histoire, intitulĂ©e Aux portes du sommeil.Â
Ne sachant pas trop quel(s) thĂšme(s) aborder pour inaugurer mon blog d’Ă©criture, je me suis finalement dĂ©cidĂ© Ă vous Ă©crire une histoire ayant pour Ă©lĂ©ment central l’une de mes passions : le sommeil et le monde rĂȘves.Â
Ainsi, je vous propose de rencontrer ce jeune Ă©crivain cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă trouver l’inspiration mais qui, lassĂ© d’attendre l’Ă©clair de gĂ©nie, dĂ©cide finalement d’aller retrouver un de ses plus grands amis : MorphĂ©e !
Bonne lecture Ă vous ! đ
Assis dans mon canapĂ©, je regarde avec dĂ©sespoir la page blanche qui se trouve sur mon Ă©cran dâordinateur. VoilĂ maintenant deux heures que je cherche la phrase dâaccroche qui me permettrait de lancer ma « machine Ă Ă©crire interne », mais rien. Rien Ă part un gigantesque espace vide battu par les vents, parsemĂ©s de toiles dâaraignĂ©es et traversĂ©s par quelques virevoltants⊠Vous savez, les fameux tumbleweeds, ces boules dâherbe sĂ©chĂ©e typiques des paysages arides qui tournent en arriĂšre-plan dans les westerns quand les deux protagonistes se fixent dans le blanc des yeux, prĂȘts Ă dĂ©gainer leur revolver ? Eh bien voilĂ , vous mâavez compris : mon cerveau est un vrai dĂ©sert. Et pour couronner le tout, je navigue de vidĂ©o en vidĂ©o sur YouTube, laissant mon inspiration sâankyloser un peu plus chaque secondeâŠ
« Bon, ça mâsoule ! soupire-je en levant les yeux au ciel. Je nâvais quand mĂȘme pas y passer la nuit, si ? »
Quelle heure est-il, dâailleurs ? Hm⊠Ah oui, en effet : il est tard ! Ou tĂŽt. Enfin ça dĂ©pend du point de vue. Je vous entends dĂ©jĂ me faire la morale, me dire quâil nâest pas conseillĂ© de rester devant un Ă©cran passĂ© une certaine heure, que la lumiĂšre bleue empĂȘche de dormir et Ă©nerve, quâelle rend le sommeil plus agitĂ© et moins rĂ©parateur, et cĂŠtera⊠Mais en toute honnĂȘtetĂ©, vous vous fatigueriez pour rien car, tout ça, je le sais dĂ©jà ⊠Que voulez-vous, câest plus fort que moi : je suis du genre couche-tard. Dâautant que je suis souvent plus calme et inspirĂ© Ă cette heure avancĂ©e de la nuit⊠du moins, en gĂ©nĂ©ralâŠ
Ăcrire⊠ On me demande parfois justement pourquoi jâĂ©cris, ou alors sur quels sujets. VoilĂ une question intĂ©ressante ! Ă dĂ©faut dâĂȘtre un grand lecteur, si ce nâest de mangas et de bandes dessinĂ©es, je suis ce que nous pourrions appeler un « scribouillard expĂ©rimenté ». Jâaime noter les idĂ©es qui mâont traversĂ© lâesprit dans la journĂ©e, des rĂ©flexions personnelles sur un sujet particulier ou un Ă©vĂ©nement rĂ©cent, ou tout simplement des morceaux dâhistoires. Ce petit rituel, outre le fait quâil me permet de rĂȘvasser et de mâĂ©vader, est devenu pour moi un moyen de faire le point sur la journĂ©e qui vient de passer, de rĂ©flĂ©chir Ă la façon dont jâai consommĂ© le temps qui mâa Ă©tĂ© offert avant la remise Ă zĂ©ro des compteurs⊠Mais je ne vais pas vous ennuyer avec mes tergiversations ! Si vous ĂȘtes ici, ce nâest pas pour Ă©couter la complainte dâun jeune Ă©crivain souffrant du syndrome de la page blanche ! Non, si vous lisez ces lignes, câest pour rĂȘver, pour vivre une aventure tout comme je le fais lorsque jâimagine et crĂ©e mes propres histoires ! Alors : que vais-je bien pouvoir vous raconter, hm ? ⊠⊠Ah ! Je sais ! Reprenons depuis le dĂ©butâŠ
« Bon, ça mâsoule ! finis-je par lĂącher, dĂ©pitĂ© et fatiguĂ© dâattendre que lâinspiration fasse glisser mes doigts sur le clavier comme par magie. Allez, au lit ! La nuit porte conseil, il paraĂźtâŠÂ »
JâĂ©teins lâordinateur, le pose sur la table basse du salon et me lĂšve finalement du canapĂ©. En me voyant bouger, et pensant quâil sâagit du top dĂ©part pour aller manger, mon chat se redresse Ă son tour, sâĂ©tire de tout son long tout en bĂąillant et descend de son arbre avant de se prĂ©cipiter vers moi et de mâaccompagner jusquâĂ la cuisine.
« NĂ©bula, non ! Tu as dĂ©jĂ mangé ! Je mâapproche de la porte menant Ă lâescalier et fixe la boule de poils qui, aprĂšs sâĂȘtre frottĂ©e contre le coin du mur, sâassoit sur le carrelage de la cuisine et me regarde avec insistance. Tu auras tes croquettes demain matin. Pour le moment : au dodo ! »
Un petit miaulement sâĂ©chappe de sa gueule. Elle essaie de mâattendrir, la fourbe, mais ça ne marchera pas ! Je me penche alors vers elle et lâattrape dĂ©licatement avant de me diriger vers les escaliers, tandis quâelle fixe avec dĂ©sespoir et frustration sa gamelle qui, malheureusement pour elle, resterait vide encore quelques heures. Je monte ensuite les marches lentement, Ă©vitant de trop remuer le fĂ©lin, puis finis par Ă©teindre la lumiĂšre une fois arrivĂ© au premier Ă©tage. Comme dâhabitude, NĂ©bula nâaime pas ĂȘtre trimballĂ©e de la sorte : aprĂšs quelques mouvements maladroits, elle parvient Ă se libĂ©rer de mon Ă©treinte puis tombe avec grĂące â ou presque ! â sur le plancher avant de traverser le couloir en direction de la chambre. Mon lit nâest plus trĂšs loin, encore un petit effort et je serai confortablement installé⊠Sans prendre le temps dâactionner lâinterrupteur de la lumiĂšre, je mâapproche de mon lit en mâaidant du flash de mon tĂ©lĂ©phone, retourne mon oreiller, lâaplatit sur le matelas, et lĂšve la couverture avant de mâallonger lourdement dans un soupir. Enfin !
LâobscuritĂ© et le silence rĂšgnent tous deux en maĂźtres dans la chambre. Pas un seul son ne vient parasiter le calme qui mâentoure, exceptĂ©s ma propre respiration et le doux ronronnement de mon chat. Alors que je fixe le plafond, ou plutĂŽt la surface noire au-dessus de mon lit, je passe en revue ce que jâai fait dans la journĂ©e. Mon cerveau retrace, Ă©value et traite les souvenirs rĂ©cents, puis se projette sur le jour Ă venir. Je rĂ©flĂ©chis Ă toutes les petites choses que jâaurai Ă faire au travail, aux tĂąches mĂ©nagĂšres qui mâattendront demain soir en rentrant, ou encore aux courses que je rechigne Ă faire depuis maintenant trois jours⊠Mais la fatigue me gagne bien vite : mes yeux se ferment en moins dâune minute, lassĂ©s de chercher un point oĂč se poser sur le plafond. Je focalise alors mon attention sur mon souffle et commence Ă compter les inspirations et expirations, cherchant Ă calmer le flux de pensĂ©es anxiogĂšnes qui mâassaillent. Au fil des cycles, ma cage thoracique se soulĂšve et sâaffaisse de plus en plus lentement, tandis que mon corps sâengourdit et sâenfonce dans le matelas. Une sensation de chaleur part de mes extrĂ©mitĂ©s et remonte le long de mes bras et mes jambes, comme si quelquâun venait de mâadministrer un anesthĂ©siant⊠Et alors que je sens que je mâimmobilise et que mes yeux recommencent Ă errer dans le vide, mes pensĂ©es jusquâici tournĂ©es vers des choses trĂšs terre-Ă -terre dĂ©rivent progressivement vers des sujets plus futiles. Mais ma concentration se fait de plus en plus timide, et les idĂ©es qui naissent dans ma tĂȘte sâenchaĂźnent les unes aprĂšs les autres sans quâil y ait de lien logique entre elles⊠Et comme Ă chaque fois, mon esprit se perd au milieu de toutes ces rĂ©flexions. Je mâefforce de rediriger mon attention sur ma respiration, essayant de mâaccrocher le plus longtemps possible au rĂ©el. Le moment dĂ©cisif est proche : vais-je sombrer dans lâinconscience, terrassĂ© par lâeffrayant pouvoir dâHypnos, ou bien rĂ©sister à son Ă©crasante puissance ?
Tandis que mon esprit lutte pour ne pas finir submergĂ© par le sommeil, mes yeux explorent le « paysage » qui sâĂ©tend Ă perte de vue. Ăvidemment, comme vous vous en doutez, je ne vois absolument rien. Seulement un espace noir. Cependant, et en y regardant de plus prĂšs, il ne sâagit pas dâun noir parfaitement lisse et uni, mais plutĂŽt un voile tachetĂ© de gris, comme un ciel brumeux et nuageux. Je vois des points scintillants apparaĂźtre timidement au milieu du vide, appelĂ©s Ă©galement phosphĂšnes, et qui sont les fondations du rĂȘve Ă venir, le point de dĂ©part de lâimagerie onirique. AprĂšs quelques minutes de patience et de concentration, les nuages et les Ă©toiles qui contrastent avec le fond obscur deviennent plus lumineux et colorĂ©s. Certains donnent mĂȘme lâimpression de bouger : de subtils mouvements diffus et continus, comme des ondes provoquĂ©es par un caillou jetĂ© dans une mare. Et aprĂšs quelques secondes, un spectacle saisissant finit par prendre vie devant moi, une vĂ©ritable constellation de formes abstraites tapissant ma voĂ»te cĂ©leste mentale.
Sentant que je ne suis plus trĂšs loin du sommeil, en tĂ©moignent les petits cercles que dĂ©crivent lentement mes yeux sous les paupiĂšres, jâessaie de canaliser ce quâil me reste dâattention pour fixer un champ de phosphĂšnes prĂ©cis. Peu Ă peu, je suis comme aspirĂ© vers ce rĂ©seau de points colorĂ©s, qui gagnent en clartĂ© et en nettetĂ© Ă mesure que je me rapproche dâeux. Et pendant que mon cerveau rĂ©alise cette espĂšce de focus mental, je vois le reste du vide Ă©toilĂ© sâestomper, jusquâĂ finalement disparaĂźtre. Un souvenir me revient soudainement en mĂ©moire. Une image que jâai vue pas plus tard que tout Ă lâheure alors que je parcourais internet Ă la recherche dâun nouveau fond dâĂ©cran pour mon ordinateur⊠Encore une activitĂ© pertinente alors que je manquais cruellement de concentration et dâinspiration⊠à lâinstant oĂč cette pensĂ©e me traverse lâesprit, lâamas de formes et de taches colorĂ©es se modifie, se rĂ©organise, se remodĂšle. Je vois lâillustration ancrĂ©e dans mes souvenirs apparaĂźtre sous mes yeux, comme si jâĂ©tais en train de plonger dedans. Les contours se dessinent, les formes gĂ©omĂ©triques prennent place et, en lâespace de quelques secondes, me voilĂ littĂ©ralement dans mon fond dâĂ©cran, comme si je faisais moi aussi partie du dĂ©cor.
StupĂ©fait par les dĂ©tails de cette projection mentale, je commence Ă dĂ©cortiquer tous les Ă©lĂ©ments que je vois. Plus je me concentre, plus les formes et sensations se prĂ©cisent. Le mur vĂ©gĂ©tal devant moi se peuple de fleurs aux pĂ©tales multicolores : bleus, rouges, roses et violets. Jâarrive Ă discerner dans la masse verte autour de moi les troncs des arbres et les branches des buissons qui se feuillent de seconde en seconde, accentuant le contraste entre lumiĂšre et ombre. Ma perception sâĂ©tend au-delĂ de la vue : des arĂŽmes de fleurs me titillent les narines, et je crois entendre des gazouillis dâoiseaux Ă travers les feuilles. Chaque seconde qui passe est une vĂ©ritable bouffĂ©e dâoxygĂšne, comme si je mâimprĂ©gnais littĂ©ralement de ce paysage digne dâune carte postale ou de la couverture dâun livre de mĂ©ditation. Tout ce que je vois est lâexact reflet de lâimage que je visualisais tout Ă lâheure lorsque jâĂ©tais devant mon ordinateur, lorsque jâĂ©tais⊠lorsque jâĂ©tais⊠Tiens ? VoilĂ qui est Ă©trange : suis-je toujours Ă©veillĂ©, ou bien ai-je dĂ©jĂ commencĂ© Ă rĂȘver ? Mais Ă lâinstant oĂč cette question me frĂŽle lâesprit, je me sens traversĂ© par une agrĂ©able vague de plĂ©nitude qui balaye aussitĂŽt cette inhabituelle sensation, et je finis par fermer les yeux un court instant⊠ Dâailleurs⊠nâavais-je pas dĂ©jĂ fermĂ© les yeux ?
Soudain, en rouvrant les paupiĂšres, je la remarquai. La porte. Ou plutĂŽt lâencadrement de porte rouge et brun, bien dissimulĂ© derriĂšre la vĂ©gĂ©tation luxuriante. Comment Ă©tait-elle arrivĂ©e lĂ Â ? En lâobservant, mon cĆur jusquâici plutĂŽt calme accĂ©lĂ©ra, emportĂ© par le frisson de la dĂ©couverte. AttirĂ© par la mystĂ©rieuse lumiĂšre qui filtrait Ă travers les feuilles et les branchages, je dĂ©cide de braver lâinconnu et de faire quelques pas pour me rapprocher. Mais au moment oĂč mon cerveau envoie Ă mon pied lâordre de bouger, la porte semble glisser dans ma direction, comme si je venais tout simplement de⊠« zoomer ». Quelque peu surpris, je rĂ©itĂšre lâopĂ©ration une deuxiĂšme fois, puis une troisiĂšme, avant de comprendre que ce nâest pas la porte qui se dĂ©place mais bel et bien moi qui, Ă dĂ©faut de marcher comme je lâaurais fait dans le monde rĂ©el, me tĂ©lĂ©porte comme un fantĂŽme ou un esprit. AprĂšs avoir flottĂ© ou lĂ©vitĂ© en direction de ce qui Ă©tait devenu lâĂ©lĂ©ment central de cette hallucination, je dĂ©couvre avec un mĂ©lange dâexcitation et dâangoisse lâencadrement de porte donnant sur un espace infini dâoĂč sâĂ©chappe une vive lumiĂšre turquoise. Ma curiositĂ© piquĂ©e, je mâapproche de lâouverture et mâautorise un rapide coup dâĆil. Mais tout ce que je vois, câest cette espĂšce de fond bleu brillant, diffus et immaculĂ©. Pas un seul objet en suspension, rien du tout. Pris de vertige et par peur de tomber ou de me retrouver aspirĂ© dedans, je mâagrippe au montant de la porte. La sensation sous mes doigts est pour le moins inattendue : lâencadrement Ă©tait tantĂŽt fait de bois peint et laquĂ©, tantĂŽt de mĂ©tal rouillé⊠Et Ă mesure que mon regard se perd dans cet espace intersidĂ©ral, je me demande une fois de plus si je ne suis pas en train de rĂȘver, ou bien alors aux portes mĂȘmes du rĂȘve.
Tout Ă coup, mon attention est happĂ©e par une mystĂ©rieuse brise qui vient de traverser lâouverture. Quelque chose mâattire par-delĂ cette porte, et jâĂ©prouve lâirrĂ©sistible envie de savoir ce que câest. Alors je relĂąche ma prise et mâĂ©carte de lâencadrement avant de faire face au vide qui me tend les bras. Ma peur de lâinconnu dĂ©sormais bĂąillonnĂ©e, et nâĂ©coutant plus que mon intuition, je prends une grande inspiration, fais quelques pas en avant, passe sous le linteau et mâengouffre dĂ©finitivement dans le rĂȘveâŠ
Hey, vous revoilĂ ! đ
J’espĂšre que cette premiĂšre histoire vous a plu ! Qui sait : peut-ĂȘtre que vous aussi, cette nuit, vous verrez des Ă©toiles derriĂšre vos paupiĂšres au moment de vous endormir ? Concentrez-vous un peu, luttez contre le sommeil et vous plongerez certainement dans votre rĂȘve ! đŽ
Si vous souhaitez me donner votre avis sur cette histoire, me faire un retour ou Ă©changer avec moi, n’hĂ©sitez pas Ă poster un commentaire un peu plus bas ! Petite rĂšgle cependant : pas de message haineux, agressif, violent, etc. ! D’avance : merci !
Si vous appréciez mon travail et que vous aimeriez me soutenir, vous pouvez :
Quoi que vous fassiez, merci beaucoup pour votre lecture ! đ
Sur ce, je vous souhaite une bonne journĂ©e / soirĂ©e et vous dis Ă bientĂŽt pour de nouvelles histoires ! đ
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